La Première Guerre mondiale

Le monument aux morts témoigne encore aujourd’hui de l’engagement et du sacrifice des hommes du village. Sur le front, ces soldats ont participé aux grandes batailles du conflit qui oppose la France à l’Allemagne. A l’arrière, les habitants s’organisent pour soutenir leurs pères, leurs frères, leurs maris ou leurs amis partis combattre.

Le monument recense vingt soldats victimes de la guerre : Joseph Bertrand, Eugène Calvin, Léon Delasalle, Augustin Gehanne, Mathieu Lecali, Jules Letellier , Théophile L’Herrec, Yves L’Herrec, Léonce Niard, Marcel Nicolle, Robert Nicolle, Paul et Victor Pacary, Jules Philippe, Jules Prempain, Martial Prempain, Alfred Romain, Henri Sarrat, Louis Saür , Gustave Boulin (disparu), René Delasalle. Alexandre Thorel.

Comme dans tous les villages de France, des hommes de Chicheboville se sont battus pour leur patrie. Voici quelques faits d’armes accomplis par ceux qui y ont laissé la vie. La liste qui suit n’est pas rigoureusement identique à celle du monument aux morts, ni à celle de l’église plus complète car elle est basée uniquement sur les personnes nées à Chicheboville dont l’acte de décès a été transmis à la mairie. Elle permet de se replonger dans le conflit et de découvrir que nos soldats ont participé aux grandes batailles de la Grande Guerre.

La bataille de la Marne

Ce combat est une des premières batailles décisives de la guerre. Du 5 au 12 septembre 1914, les troupes françaises et anglaises repoussent les Allemands. Le plan Schlieffen, qui prévoit une invasion de la France en six semaines, est déjoué. Cette énorme mobilisation d’hommes et de matériels reste célèbre grâce à l’épisode des taxis de la Marne qui permet le transport des soldats jusqu’au front.
Plusieurs de nos soldats participent à cette bataille :

Louis Saür appartient à un des plus anciens et des plus illustres régiments de l’armée française : le 5ème régiment d’infanterie de Ligne. Au mois de septembre, il est mobilisé sur la Marne. Blessé, il meurt à l’hôpital temporaire de Tulle le 1er octobre 1914.

  • Léonce Niard, soldat au 25ème régiment d’infanterie (11ème Cie, 10ème corps) décède, en 1915, à l’institut Notre-Dame Des Salles de Berck-sur-Mer, d’une maladie contractée en service.
  • Alexandre Thorel est sergent au 361ème régiment d’infanterie. Il est tué le 23 septembre 1914 lors de l’offensive infructueuse contre Moulin-sous-Touvent dans l’Oise. Son corps n’a jamais été retrouvé, était-il trop abîmé, méconnaissable ou simplement disparu ? En 1920, un jugement établit officiellement son décès.
La course à la Mer

Louis Prempain est soldat au 236ème régiment d’infanterie (21ème Cie). Après la bataille de la Marne, l’offensive allemande est arrêtée à l’Est mais les deux camps tentent de se contourner par le Nord. Louis est envoyé dans la Somme où il décède, à Villers-Bretonneux, le 19 novembre 1914 « des suites des blessures reçues en guerre ». Cet épisode appelé la course à la mer se termine par la stabilisation du front. Elle marque également la fin de la guerre de mouvement et le début de la guerre de position ; les premières tranchées font leur apparition.

La première bataille de Champagne

Alfred Romain a le grade de caporal au 225ème régiment d’infanterie (24ème Cie). Après la bataille de la Marne, entre octobre et décembre 1914, il participe à la bataille de Champagne. En décembre 1914, sur le front occidental, Français et Britanniques, en supériorité numérique, lancent une offensive générale de la Mer du Nord à Verdun. Les tranchées allemandes résistent, les combats s’achèvent en décembre. En Champagne, les combats continuent tout l’hiver. Les Français font quelques avancées au prix de nombreuses pertes humaines. Alfred décède au Moulin de Souain près de Suippes le 21 décembre 1914 au cours d’un combat acharné car son acte de décès mentionne qu’« en raison des circonstances du décès, l’officier de l’Etat-civil n’a pu s’assurer personnellement de la réalité du décès ».

La première bataille d’Artois

Joseph Philippe est soldat du 36ème régiment d’infanterie de Caen (2ème Cie). En mai 1915, son régiment est engagé dans une offensive générale en Artois. Malgré quelques succès, l’issue est indécise. La progression est difficile et, à partir de juin, les attaques deviennent locales : village par village. Joseph meurt le 22 juin 1915 par suite « des blessures reçues par l’ennemi » dans une attaque sans succès contre le village de Souchez dans le Pas-de-Calais.

La seconde bataille de Champagne

En septembre 1915, débute une nouvelle offensive des Alliés en Champagne.
Paul Pacary, soldat au 1er régiment d’infanterie coloniale (Cie des mitrailleuses de la 20ème brigade) est tué sur le champ de bataille à Souain dans la Marne le 7 septembre 1915. Après trois jours de pilonnage par l’artillerie, l’armée française tente de briser les lignes allemandes entre Aubérive et Ville-sur-Tourbe (Marne). La première ligne est facilement prise mais les Français butent sur la deuxième, protégée par un important réseau de barbelés. Ils n’avancent que d’une centaine de mètres.
Léon Delasalle, soldat au 410ème régiment d’infanterie (1er bataillon, 2ème Cie) meurt à Ville-sur-tourbe le 25 septembre 1915 « suite à des blessures contractées au champ de bataille ».
Théophile L’Héréec, soldat au 24ème régiment d’infanterie, participe dans le cadre général de la bataille de Champagne à la deuxième bataille d’Artois. Il est « tué à l’ennemi » à Neuville-Saint-Vaast le 25 septembre 1915. Il faut deux ans pour constater son décès. Finalement, le 29, l’attaque est arrêtée ; c’est un échec.

Verdun

La bataille de Verdun, de février à décembre 1916, reste la bataille symbole de la Première Guerre mondiale. Le 21 février 1916, l’armée allemande lance un véritable « déluge de feu » sur les forts de Verdun et les tranchées françaises. Puis, l’infanterie attaque. Le but est de « saigner » l’armée française et d’en finir avec la guerre de position. Les poilus français résistent et rapidement, le général Philippe Pétain organise la riposte. Pendant plusieurs mois, les attaques allemandes se renouvèlent et sont à chaque fois repoussées. Pétain obtient des renforts par un système de rotation de soldats, ainsi 70% des soldats français ont connu Verdun. La bataille prend fin le 15 décembre 1916 après dix mois de combats. Les Français gardent l’avantage au prix de pertes considérables : 379 000 morts, blessés ou disparus, la deuxième bataille la plus meurtrière après la Somme.
Gustave Boullin, soldat du 119ème régiment d’infanterie, est tué à Fleury-devant-Douaumont, dans la Meuse, le 3 juin 1916. Ce village est situé à proximité de Verdun. Il est pris et repris 16 fois en deux mois par les Français et les Allemands. C’est l’un des neuf villages détruits lors de cette bataille.

Georges Bertrand soldat au 24ème régiment d’infanterie (train de combat n°1) est blessé au combat le 27 juillet 1916. L’ambulance 16/14 qui le transporte à l’hôpital est immobilisée au Petit Monthairon ; il meurt dans le véhicule de secours.

La Guerre des tranchées et les prisonniers

La fin de l’année 1914 marque la fin des grandes offensives mais pas la fin de la guerre. Les combats continuent, les soldats deviennent des poilus et s’enterrent dans les tranchées. Quelquefois, une offensive est tentée pour gagner une centaine de mètres, une prise souvent éphémère car l’ennemi reprend le terrain quelques semaines plus tard. Plusieurs de nos soldats meurent dans les tranchées ou dans ces vaines offensives.

Mathieu Le Gall est soldat au 91ème régiment d’infanterie (2ème bataillon, 7ème Cie), affecté dans une tranchée près de la forêt de Hesse, dans la Meuse. Il meurt le 3 janvier 1916 « tué à l’ennemi aux tranchées de la vallée de la Bébauthe ».
Yves L’Héréec soldat au 14ème régiment de Hussard (6ème escadron) décède à Sainte-Ménehould, dans la Marne, le 20 août 1916 des suites de ses blessures de guerre.

D’autres meurent à l’hôpital :

Jules Gosse, soldat au 85ème régiment d’artillerie lourde (4ème Cie) décède à Dugny dans la Meuse, le 18 mai 1916, « des suites de blessures de guerre » reçues à Saint-Michel-De-Verdun. Situé au sud de Verdun, le Centre hospitalier de Dugny est composé de tentes pour l’hospitalisation des blessés et de plusieurs salles d’opérations installées dans la Maison Navel ou dans des baraquements.

Louis Prempain, soldat au 1er régiment du Génie (5ème Cie, 52ème bataillon) décède à l’hôpital d’évacuation de Prouilly dans la Marne le 20 avril 1917 « des suites de ses blessures ».

Certains sont faits prisonniers :

Jules Prempain est soldat au 274ème régiment d’infanterie (24ème Cie). Alors qu’il participe à la bataille de Verdun, il est fait prisonnier le 29 septembre 1916. Il meurt le 2 juin de l’année suivante suite « aux blessures par éclats d’obus ». Il est inhumé au cimetière des soldats à Longuyon-Sceau de l’hôpital.

La campagne de Cilicie

René Delasalle, soldat du 3ème groupe d’artillerie de campagne d’Afrique, participe à une des batailles oubliées de l’après-guerre : la campagne de Cilicie. En 1918, l’Empire Ottoman, allié de l’Allemagne, a perdu la guerre. Le sultan accepte les conditions de paix notamment une mission française dont le but est de créer une colonie arménienne en Cilicie (surnommée la petite Arménie). Les premiers temps se passent bien, puis, les Turcs relèvent la tête et refusent la présence des troupes françaises sur leur territoire. Dirigés par Mustapha Kemal, ils se soulèvent, les Français trop peu nombreux sont défaits. René est tué le 22 juin 1920 à Brémone en Cilicie (Sud de la Turquie).

En 1915, M. Marchand, de Béneauville, participe à l’expédition des Dardanelles. Cette expédition franco-britannique est entreprise dans le dessein de conquérir les Détroits et obliger la Turquie à sortir de la guerre. Elle échoue devant la résistance de l’armée turque. M. Marchand en revient vivant mais comme la bataille est un échec il n’a jamais été inscrit à l’association des Anciens combattants ni même médaillé.